PAROLE D’EXPERTS

“NOTRE REGARD COMMUN : REPLACER L’HUMAIN AU CENTRE ET CHERCHER L’HARMONIE”

LAURENCE PUSTETTO & ANNE CHARIN / PARTNERS / ATELIER PUSTETTO

UZIK | Curious Basterds

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Fr/En

“NOTRE REGARD COMMUN : REPLACER L’HUMAIN AU CENTRE ET CHERCHER L’HARMONIE”

Bonjour Laurence, Anne, pouvez vous vous présenter et présenter l’Atelier Pustetto ?

Laurence :

J’ai démarré des études de médecine et passé une licence en psychologie avant d’être irrésistiblement attirée par le monde du théâtre, de l’opéra, et de la danse où j’ai appris les métiers de la scénographie et du costume. Le hasard des rencontres m’a mené vers la scénographie évènementielle. Je me suis ensuite tournée vers l’étude de la scénographie d’exposition et l’architecture intérieure. J’ai eu beaucoup de chance, car on est venu me chercher pour travailler dans le secteur du luxe. Mon amour inconditionnel pour l’artisanat et « le travail bien fait » m’a permis de comprendre les codes de ce monde. Anne m’a rejoint en 2010. Notre collaboration s’est construite assez naturellement et nous a menées, comme une évidence, vers une association au sein de l’Atelier Pustetto en 2017.

Anne:

Je suis architecte de formation. Avant de m’intéresser à la scénographie, j’ai d’abord étudié l’histoire de l’art, l’art plastique et l’architecture d’intérieur pour finir par un diplôme d’architecte. Nos parcours à Laurence et moi sont donc assez distincts, mais c’est cette différence qui nous permet d’aborder les choses de manières complémentaires, nos sensibilités s’enrichissant au contact l’une de l’autre.

Laurence:

L’Atelier Pustetto regroupe 3 compétences : la scénographie, l’architecture d’intérieur et le design. Ainsi nous dessinons à plusieurs échelles (de l’espace à l’objet), nous aimons ne pas négliger le détail lorsque nous dessinons de la muséographie ou de l’architecture d’intérieur. Nous nous nourrissons de ces différents domaines d’intervention, l’un complétant toujours les autres.

Laurence:

Nous avons en commun une grande curiosité et une culture similaire à travers nos centres d’intérêts pour les arts vivants, l’architecture, le design, etc. En même temps nous avons une façon d’aborder les choses liée à nos parcours propres, nos sensibilités respectives. Ce qui nous rassemble est indéniablement un regard commun en direction de nos pairs : replacer l’humain au centre de nos préoccupations, et chercher l’harmonie.

Anne:

Nous travaillons sur divers projets liés au secteur du luxe, de l’échelle de la vitrine à la boutique en passant par le design mobilier.
Nous avons également une activité d’architecte d’intérieur, pour des particuliers ou des boutiques. Pour les grandes maisons, nous intervenons dans plusieurs secteurs d’activité de certaines grandes maisons : le parfum, la montre ou la maison, le retail… Nous accompagnons également les agences évènementielles sur des sujets d’exposition ou de manifestations privées.

Laurence:

Nous avons la chance de pouvoir aborder des sujets « transversaux », c’est à dire mobilisant des échelles différentes de création, des savoirs différents, qui se nourrissent les uns les autres : un des sujets abordé en ce moment concerne le parfum dans une démarche de marque plutôt que de produit c’est à dire dans une démarche d’histoire, de recherche de sens et de narration plus que dans une image. C’est une dynamique très intéressante. Un autre sujet du moment concerne l’architecture et les codes qui identifient une culture et ses traditions. Notre travail est de les retranscrire dans une perspective moderne pour un événement. Ces sujets nécessitent la mise en œuvre de registres différents en terme de conception, et de technique. Nous travaillons aussi sur un projet de collection de mobilier et sur la recherche de partenaires pour lancer cette collection.

“LA TECHNOLOGIE EST AU SERVICE DE LA CRÉATION ET NON PAS L’INVERSE”

Qu’est-ce qui vous intéresse dans ces sujets de nature différente ?

Anne:

Ce qui nous intéresse ce sont ces changements d’échelles, que cela soit pour une boutique,une vitrine de 2m2 ou une exposition de 700m2. Il y a un propos, une conduite, un fil rouge, qui constitue un liant d’un espace à l’autre et qui nécessite des ressorts narratifs essentiels à la compréhension. Passer d’une échelle à l’autre permet de ne pas s’enfermer dans un mode, de changer de registre, et de susciter la curiosité.

Laurence:

Ce que nous voudrions expérimenter pour étendre notre champ d’activité, ce sont les sujets liés à l’accueil, à l’hôtellerie, à une dimension plus intime de l’espace, et en même temps différents de l’espace privé.

“IL FAUT RACONTER UNE HISTOIRE ET CRÉER DES PASSAGES ENTRE LES EXPÉRIENCES VIA DIFFÉRENTS SEUILS.”

Quelles sont les nouvelles tendances, dans la manière de voir et penser la scénographie, qui émergent ces dernières années ?

Laurence:

Lorsque j’ai démarré, il s’agissait encore de métiers nouveaux et les donneurs d’ordre découvraient comme nous les possibles. Le métier a énormément évolué en 20 ans: Les rapports d’échelle, d’argent et de création ont changé. L’usage de la technologie s’est démocratisé. Aujourd’hui nous l’utilisons avec plus de recul qu’à ses débuts, ce qui devient plus intéressant, et c’est cet usage actuel qui permet de remettre la créativité au cœur du propos. La technologie est au service de la création et non pas l’inverse.

Anne :

J’ai le sentiment que nous sommes sortis de l’envie de se démarquer à tout prix par « l’effet Wow ». Il y a une recherche de sens accrue et une volonté d’être au niveau de l’expérience du spectateur, dans l’individualité de chacun. Nous voyons donc apparaître des scénographie ou les espaces sont plus fragmentés avec plus d’expériences à vivre, et non des lieux uniques avec une seule animation phare.

Laurence :

Une autre tendance moins favorable à mon sens qui nécessite notre vigilance de concepteurs est une certaine homogénéisation. La facilité d’accès à l’image crée des tendances très marquées, une sorte d’entonnoir appauvrissant, et une auto-censure dans la création évènementielle.

Anne :

Les références sont les mêmes pour tout le monde. Il faut donc trouver où nourrir sa singularité. Pour sortir de ce cercle vicieux il faut aller chercher d’autres références et faire un travail croisé, d’analyse, et surtout accepter qu’il y ait un temps de maturation des idées qui a sa propre temporalité ( parfois très rapide, parfois très long ! ). Dans notre expertise , nous devons inciter à chercher une singularité à se distinguer par la créativité cela implique de sortir un peu de sa zone de confort !

Qu’est-ce qui permet d’amener les gens vers une expérience différente ?

Anne :

Il faut raconter une histoire et créer des passages entre les expériences, via différents seuils. Il faut jouer sur des contrastes sensoriels pour créer une conduite et des séquences, dans le but de se couper complètement du monde extérieur.

Laurence :

En se souvenant de la singularité de chacun, en faisant confiance à cette singularité, à l’intelligence de chacun. En donnant du temps au visiteur, en lui faisant des propositions qui stimule sa sensibilité, sa curiosité, son intellect. En s’opposant à la tendance de simplification du discours du « tout est dans tout », en donnant du relief aux propos.

C’est en laissant le visiteur s’imprégner de l’espace que l’expérience prend vie. Dans les années 90, la tendance était de mettre en évidence la technique, d’impressionner par les moyens mis en œuvre, par l’immersif avec une propension à « noyer » le visiteur à force de vouloir l’immerger . Le fait de recréer des temps différents, de solliciter des émotions différentes, de mixer à la fois une multitude d’expériences et un peu d’intimité est une direction qui permet de remettre l’humain au cœur du propos. L’être humain est intelligent et il faut se servir de son intelligence, il faut susciter son courage et sa curiosité. Nous avons un immense respect pour les gens avec qui nous travaillons, pour les gens auxquels nous destinons une expérience, et il nous tient donc à cœur de les amener vers plus de culture, un savoir.

“C’EST EN LAISSANT LE VISITEUR S’IMPRÉGNER DE L’ESPACE QUE L’EXPÉRIENCE PREND VIE.”

Est-ce que vous voyez des choses récurrentes dans les demandes d’aujourd’hui ?

Anne :

Oui, dans toutes les demandes, un mot d’ordre récurrent : l’interactivité et le caractère ludique ! Interactivité dans le sens où le spectateur doit interagir avec le décor et où il doit être actif. Il y a aussi je pense, le fait de vouloir créer une meilleure expérience que les concurrents, mais je pense qu’il y a là un danger de surenchère. Il faut savoir prendre le contrepied de cette tendance « toujours plus » en se différenciant, mais autrement, plus intelligemment : si l’un fait vers le haut, je fais vers le bas, ou à côté, à l’envers ! Il n’y a pas qu’une seul direction à explorer ! Heureusement, j’ai l’impression que globalement, cette tendance de course à la surenchère est en déclin pour revenir à plus de mesure et de finesse.

Dans ce contexte de surenchère, comment est-ce que vous intégrez la technologie dans votre travail ?

Laurence :

Nous l’intégrons en privilégiant le sens. Nous observons aujourd’hui avec nos clients un double chemin, à la fois de recours massif à la technologie et à la fois de recul. La meilleure façon d’intégrer la technologie est de la détourner. C’est lorsqu’on ne se rend plus compte qu’il s’agit de telle ou telle technologie que c’est le plus intéressant. D’un côté nous utilisons le maximum de la potentialité de l’objet technologique, mais en même temps ce dernier est totalement intégré et disparaît au profit du sujet, du message, de l’univers. Une piste, est la piste artistique, il faut je crois travailler avec les artistes qui utilisent les médias les plus poussés, les plus high tech de façon non formelle.

“LA MEILLEURE FAÇON D’INTÉGRER LA TECHNOLOGIE EST DE LA DÉTOURNER.”

Aujourd’hui, est-ce que vous trouvez de l’inspiration dans d’autres univers scénographiques ?

Anne :

Il y en a, mais il s’agit d’inspirations tellement croisées et complémentaires que c’est à chacun de mobiliser ses références — où qu’elle soient, c’est-à-dire partout — non pas pour les citer directement mais pour composer son propre nuancier. Il faut imaginer ça comme une cuisine avec des ingrédients de toutes les couleurs, toutes les formes, tous les sens. A nous de combiner les bonnes choses pour créer de l’harmonie. A nos marmites !

Laurence :

Une des manières de nourrir sa créativité, est de fréquenter les théâtres et l’opéra, la forêt, la montagne, les expositions, la ville et la campagne, les poètes et les philosophes…Je veux dire de vivre ! De côtoyer d’autres univers, d’autres esthétiques. Le data nous incite à être paresseux, à ne plus chercher par nous-même. Or nous avons besoin pour nourrir l’inspiration de vivre les choses, de faire des expériences.

Anne :

La créativité peut aussi se trouver dans les objets très quotidiens, il suffit d’être curieux et de ne pas être paresseux lorsque l’on regarde le monde environnant. Il faut prendre ses yeux ( ses oreilles et tous les autres sens ) comme une focale, et cadrer sans arrêt les situations que l’on vit, les scènes que l’on voit pour en extraire ce qui nous inspire, puis les croiser à l’envie avec d’autres références pour faire émerger une singularité.
Parfois une situation nous fait penser à une couleur, une musique à un espace…tout est correspondance, échos, point de vue !

Laurence :

Il faut avoir courage et curiosité. Par exemple si vous faites du théâtre, allez voir de la danse. Si vous faites de l’évènementiel, allez voir autre chose que le cœur de votre métier. Aujourd’hui, les architectes travaillent avec des scénographes et ce n’est pas pour rien, il faut s’enrichir d’autres univers, croiser les métiers, se mettre autour d’une table pour ouvrir son esprit créatif. Sortez de vos bureaux ! Sortez de vos habitudes ! Partagez vos visions ! La création se nourrit du temps, de nos pas de côtés, de nos yeux ouverts vers l’horizon. Nous sommes devant nos ordinateurs à longueur de journée, ce qui fait que les temps de maturation n’existent plus. Lorsque vous faites la démarche d’aller voir un spectacle, vous vous déplacez dans l’espace et le temps, puis vous rentrez, cela change la perception. Il faut garder ces allers-retours qui permettent la prise de conscience, la remise en question.
Il faut toujours rester en mouvement !

Hello Laurence, hello Anne. Can you introduce yourselves and tell us a little about the Atelier Pustetto?

Laurence:

I studied medicine and graduated with a degree in psychology but then found myself irresistibly drawn to the world of theatre, opera and dance, where I learned all about set and costume design. Chance encounters led me to set design for events. I then turned my attention to exhibition set design and interior architecture. I was very lucky, because I was then headhunted to work in the luxury sector where my passion for craftsmanship and a job well done served me very well. Anne joined me in 2010. Our collaborative relationship took shape fairly naturally and we founded the Atelier Pustetto together in 2017.

Anne:

I’m a trained architect. Before I found my way into set design, I studied art history, visual art and interior architecture and graduated with a degree in architecture. Laurence and I come from quite different backgrounds, but it is precisely this difference that allows us to approach things in a complementary way. We inspire each other through our individual tastes and sensibilities.

Laurence:

Atelier Pustetto draws together three areas of expertise: set design, interior architecture and design. This means we work across a broad range of scales, from the entire space to a single object. Whether we’re working on designing museography or interior architecture, we have a meticulous eye for detail. We cross-reference all these different fields, with each one enriching and feeding back into the other.

Laurence:

We share an insatiable curiosity and a similar outlook. We both love the performing arts, architecture and design. At the same time, we have very different ways of approaching things as a result of our individual life experiences and respective sensibilities. What unites us is most certainly the attitude we take to working with people: our goal is to put human interests back into the heart of our work and bring harmony where we can.

Anne:

We take particular care in scaling things back to focus on use and users. As far as possible, we try to draw on a child’s direct, clear-eyed perspective, instantly sensitive to experience and first impressions, free from any preconceptions or judgements.

“WE HARNESS TECHNOLOGY TO SUPPORT CREATIVITY, NOT THE OTHER WAY AROUND.”

What type of projects do you work on?

Anne:

We work on a broad mix of projects in the luxury sector, from window displays to store furnishings and furniture design.
We are also interior architects and work for private clients and independent stores in this field. When it comes to major brands, we handle lots of different aspects for some big companies: fragrances, watch-making, home décor, retail, and so forth. We also work with events agencies on exhibitions and private events.

Laurence:

We are lucky to be able to work in many ‘multi-disciplinary’ areas, dipping in and out of lots of different scales and areas of expertise, all of which feed back into one another. One of the concepts we’re working with at the moment is the idea of fragrance as part of the brand story rather than a product, fragrance as story-telling, given meaning rather than just a fixed image. It’s a very interesting approach. Another trend right now is architecture and codes that tie back into a culture and its traditions. Our job is to translate these ideas into a contemporary look for an event. These concepts require us to work across the board, from design to technique. We are also working on a furniture collection and scouting for partners to launch this collection.

What do you find so interesting about working in all these different areas?

Anne:

The sense of change of scale, whether for a small boutique or window display of 2 sq.m to a massive exhibition over 700 sq.m. Each has a concept, an overarching theme that binds the different areas together and requires story-telling to remain coherent. Moving from one scale to another ensures we don’t stay stuck in one mindset. It gives us the opportunity to mix things up and inspire curiosity.

Laurence:

In expanding our services, we’re interested in experimenting with projects that relate to accommodation and hospitality, a more intimate approach to space yet nevertheless different from the private arena.

What new trends in how set design is seen and approached have been emerging over the past few years?

Laurence:

When I started out, this was a new field and contractors were experimenting with what was possible, just as we were. The industry has massively changed over the past 20 years: the relationships between scale, budget and design are no longer the same. Use of technology is now much more widespread. We now employ technology more tentatively than we did previously, which makes it all the more interesting. And this new approach to using technology means we are putting creativity back at the heart of the action. We harness technology to support creativity, not the other way around.

Anne:

I think we’ve moved on from doing whatever it took to achieve the wow factor just to stand out from the crowd. Now the focus is more on finding meaning, there’s a desire to get down to ground level with spectators, to give them experiences that speak to each person’s individuality. As a result, we’re seeing set designs where the spaces are more fragmented with a multitude of experiences, rather than single spaces with one headlining event or activity.

Laurence:

Another, less positive trend, is a certain kind of sameness, which is something we need to keep an eye out for as designers. Because images are now so easily accessible, trends are increasingly all-encompassing, which creates a sense of being in an echo chamber, and self-censorship at events.

Anne:

Everyone is drawing on the same references. So the goal is to identify and then foster what makes you different. To get out of this vicious cycle, it’s important to pick out other references and mix things up, assess what you’re doing and especially accept that ideas need time to ripen, which in itself can sometimes happen very quickly, or very slowly. Considering our areas of expertise, we need to be aiming for individuality, standing out through our creativity, and that requires stepping out of our comfort zones!

What is the secret to giving people something different?

Anne:

You have to tell a story and offer different portals and gateways into the narrative. You have to play on sensory contrasts to create a sense of journey, sequences that allow users to completely forget the outside world.

Laurence:

By exploring each person’s individuality, by trusting in that individuality, in the intelligence each person has. By giving visitors time, by giving them experiences that spark their sensitivity, their curiosity and intellect. By staying well away from the trend of simplifying things (everything is NOT in everything!), by giving the experience texture and depth.

Experiences come to life when visitors are given the space to immerse themselves in their surroundings. In the nineties, the trend was for showing off technique, impressing crowds with the sheer immensity of the resources used, providing immersion that ‘drowned’ spectators in its epicness. By creating different areas and atmospheres, speaking to different emotions and combining multiple experiences with a hint of intimacy, the human aspect of experience is put back at the centre of the whole concept. Human beings are intelligent. The key is to appeal to this intelligence, to inspire courage and pique curiosity. We have a huge amount of respect for the people we work with and the people we design our experiences for. And that’s why it’s so important that we are able to give them access to more culture, more knowledge.

“YOU HAVE TO PLAY ON SENSORY CONTRASTS TO CREATE A SENSE OF JOURNEY, SEQUENCES THAT ALLOW USERS TO COMPLETELY FORGET THE OUTSIDE WORLD.”

Have you picked up on recurring themes in the requests you receive?

Anne:

Yes, all the requests that come in ask for the same thing: interactive components and a sense of fun! Interactive in the sense that spectators must be able to interact with the décor, they need to be active protagonists in the story. I think there’s also a drive to provide a better experience than the competition, but taking that approach you run the risk of over-egging the pudding. You have to stave off the ‘more more more’ trend by standing out from the competition, but differently, more intelligently. If a competitor goes up, why not go down? Or to the side, or back to front! There are so many alternative directions to explore. Fortunately, I have the feeling that this trend for doing more, bigger and better, is on the way out. We’re segueing into something more measured and subtle.

In this context of ‘bigger is better’, how are you incorporating technology into your work?

Laurence:

We employ technology, but prioritise meaning. Through our work with our clients, we’re noticing a dual approach: on the one hand, mass use of technology, and on the other hand, a little distance. The best way of using technology is by re-appropriating it, or handling it in an unexpected way. Technology is at its most valuable when nobody even realises it’s there. We aim to extract the maximum potential of each piece of technology we use, but at the same time, our technology is fully integrated to ensure it disappears, giving the subject, message and atmosphere space to shine. And with respect to artists, I think the best approach is to work with artists who are using the most cutting-edge media, the most high-tech tools, without making the technology central to their existence.

“TECHNOLOGY IS AT ITS MOST VALUABLE WHEN NOBODY EVEN REALISES IT’S THERE.”

Do you draw inspiration from other set designs you see?

Anne:

Occasionally, but the inspiration is then cross-pollinated and is so complementary that each designer will draw on their references (irrespective of where they come from — and they come from everywhere), not to draw on them directly, but to fuse them into their own unique palette. Think of it like cooking, with ingredients of all shapes, colours and smells. It’s up to the individual to mix and blend them to create something wonderfully harmonious. Each studio is like a kitchen in this respect!

Laurence:

One way of nourishing your creativity is to head out to the theatre, the opera, forests, mountains, exhibitions, cities and the countryside, meet poets, philosophers and so on. Live your life, basically! Step into different worlds, different aesthetics. Data has made us lazy, it has made us unwilling to hunt things out for ourselves. But we have to live and experience things to replenish our creative reserves.

Anne:

Creativity can also be found in everyday objects. You just have to stay curious and take an active approach to observing the world around you. Use your eyes (and ears, and all your senses for that matter) as a telescope. Focus in on the situations you experience, the vignettes you witness, and extract what inspires you, before incorporating them into other references until you achieve something truly original.
Sometimes, a situation can make you think of a colour, a piece of music or a space. Everything is connected, everything is a reiteration of something else, a point of view.

Laurence:

Go out into the world with courage and creativity. If you do theatre, go and watch some dancing. If you work in events, go and try something that has nothing to do with your field. Nowadays, architects work with set designers, and there’s a reason for that: you have to be inspired by other industries and worlds, mix the disciplines, sit down with others to open your mind and let the creativity flow. Get out of the office. Break your routine. Share your vision! The creative process is nourished by time and side tracks, by taking an outward-looking view of the world around you. We spend the entire day in front of the computer now, and that means we don’t have time to think and reflect any more. When you go and see a show, you are physically moving through time and space, and then when you get home, you find your perspective has changed. You have to keep hold of this sense of movement. It’s what enables you to absorb information and meditate on your experiences.
Always keep moving!

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